La stratégie gagnant/gagnant de Ségolène Royal
Tous ceux qui vivent au quotidien le monde de l’entreprise connaissent l’expression « gagnant –gagnant « souvent appliquée aux stratégies de négociation entre fournisseurs et clients à tous les niveaux. Et plus largement à la relation entre grands acteurs de la firme et de son environnement La transposition de ce type d’expression chez une candidate de gauche à la Présidence de la République est nouvelle et peut surprendre, s’agit-il d’un simple effet de manche ou d’un élément d’une nouvelle vision des relations dans notre société ? S’agit-il d’une nouvelle approche de gauche des rapports entre le collectif et l’individuel, entre l’Etat, les entrepreneurs et les salariés, bref une pièce du grand puzzle refondateur de la vision économique et sociale de la gauche en France ? (voir contribution de Régis) L’expression « gagnant /gagnant beaucoup utilisée dans la stratégie d’entreprises à pour origine la théorie des jeux. A l’issue de toute action entre des parties prenantes un contrat, un conflit social, une relation employeur salarié il y aurait nécessairement un gagnant et un perdant dans le meilleur des cas, et deux perdants au pire des cas. Cette vision dichotomique correspond de moins en moins aux caractéristiques des sociétés complexes comme la nôtre qui rendent possible de nouvelles règles du jeu qu’on peu résumer de la manière suivante
Approche traditionnelle | Nouvelle approche |
Une partie = un gagnant | Une partie = plusieurs gagnants |
Une solution optimale | Plusieurs solutions |
Les règles du jeu sont connues | On crée de nouvelles règles du jeu |
Solution: 1 gagnant, 1 perdant | Solution possible : gagnant /gagnant |
Compétition /rivalité | Coopération /complémentarité |
Ce détour par les origines de l’expression « gagnant/gagnant » nous permet de revenir à la vision de Ségolène Royal. Les partenaires du jeu à l’échelle de notre société sont principalement les entreprises, les salariés, l’Etat (décentralisé au niveau des régions). La stratégie « Gagnant/Gagnant s’oppose à la vision sarkozienne basée sur la compétition et la rivalité entre les individus, les couches sociales, le privé et le public, l’intérêt général à l’intérêt particulier et conduit à la règle du « chacun pour « soi et au retour à « l’enrichissez vous » de Guizot. La stratégie « Gagnant/Gagnant « vise, au contraire, à créer de nouvelles règles du jeu entre l’individu, l’entrepreneur et la collectivité entre employeurs et salariés, à remplacer la rivalité par la coopération et la complémentarité à créer un nouveau pacte social indispensable à la cohésion de notre société, adaptée à son histoire et à ses traditions. La stratégie « Gagnant/Gagnant :est exigeante, toute dépense de la collectivité doit trouver une contre partie la rendant efficace, ce qui est à l’opposé de la démarche d’assistanat , qu’il s’agisse de l’aide aux jeunes en cours de formation, de demandeurs d’emploi ,ou encore de l’aide à la création ou au développement des entreprises qui doit être déterminée sur des critères nouveaux prenant compte la valeur ajouté sociale, la création d’emploi, le respect de l’environnement , la lutte contre la précarité. Un sondage publié le 22 février (voir plus bas ) plébiscite la stratégie « gagnant –gagnant de Ségolène au regard de patrons de TPE, interrogés sur plusieurs propositions de la candidate socialiste, les patrons de TPE se disent en effet favorables à plusieurs d'entre elles. Celle consistant à conditionner l'octroi d'aides publiques aux entreprises qui s'engagent à ne pas licencier en cas de profits ou à les rembourser en cas de délocalisation obtient l'assentiment de 60% d'entre eux. De même la proposition de Ségolène Royal visant à favoriser l'investissement des entreprises via un impôt réduit plutôt qu'une distribution aux actionnaires est jugée positive par 65% des patrons de TPE. Preuve que dores et déjà le gagnant /gagnant trouve un écho dans des milieux pourtant réputés comme peu favorables aux idées de gauche.